
L’automne est là…
Les feuilles deviennent colorées puis tombent… C’est aussi le temps des vendanges, la récolte du raisin destiné à la production du vin …
Permettez-moi de vous présenter un vase, puis un objet en relation avec cette thématique :
Tout d’abord une olpé (ολπη en grec ancien), ce qui correspond à un vase en forme de cruche similaire à l’œnochoé. Même si cette dernière était plus populaire, les deux types de vase ont été largement utilisés pour le service du vin lors des banquets (symposia). Le choix de cette pièce est tout à fait intéressant, puisqu’on y trouve une scène à caractère dionysiaque, c’est-à-dire en relation avec le Dieu Dionysos, divinité du vin et de l’extase qu’il procure. Une scène qui relie l’utilité pratique de la forme (vase destiné au service du vin) à un décor en relation avec son contenu ; mais cette scène n’est pas anodine, car elle est moins évidente à reconnaître que d’autres…
En effet, nous serions tentés de reconnaître ici le célèbre épisode mythologique du taureau enlevant Europe sur son dos. Or, l’iconographie relative à ce mythe-ci présente un taureau «galopant» à une vitesse certaine, dans un environnement qui rappelle qu’ils survolent la mer. Or, cela n’est pas le cas ici puisqu’au contraire, nous sommes en présence de plusieurs éléments qui, combinés ensemble, appartiennent de manière certaine à l’univers dionysiaque. C’est pourquoi il faut plutôt y reconnaître une ménade qui chevauche la divinité Dionysos métamorphosée en taureau, dans le contexte d’un cortège dionysiaque pour lequel la musique occupait une place importante (la ménade joue en effet des castagnettes). Plusieurs tiges stylisées, du lierre ou plutôt de la vigne, agrémentent le fond du décor.
Or, ces vinées sont même parfois associées à des éléments rocheux qui constituent alors, de manière plus ou moins suggérée, l’entrée d’un antre bachique. Etant donné que Dionysos est le dieu de l’ivresse et de l’extase que procure le vin, son culte avait lieu dans le cadre de cérémonies cachées et initiatiques, qui se tenaient dans des cavernes et de préférence de nuit. Les cultes se pratiquaient alors entre des initiés qui portent le nom de ménades et de satyres, regroupés sous le nom de thiase (cortège dionysiaque).
En voici d’ailleurs un exemple de satyre, finement sculpté en bronze. On admirera ses formes athlétiques particulièrement bien modelées…
Habitant les bois et les collines, les satyres ont généralement une forme humaine, mais sont dotés de quelques traits animaux, comme les oreilles et la queue d’un cheval. Ils peuvent parfois avoir des pieds de boucs – ce qui pourrait être le cas de cette pièce, vue la présence du tenon, indiquant un pied travaillé à part puis rajouté -, ce qui les apparente alors davantage au Dieu Pan. Le satyre tient dans sa main droite une petite œnochoé trilobée ; dans le même esprit que notre olpé… La boucle est bouclée !
Virginie Sélitrenny